Hier à Soiron

Ces éléments sont extraits du livre édité par les Amis du Ban de Soiron en juin 1983.
Cette vue aérienne, prise en 1930 par le baron Frédéric de Woelmont, découvre à merveille le village-noyau : un bois au Nord, des prairies tout autour, l'église, le château et les maisons le long de la route qui traverse en serpentant. Situé sur le territoire de l'ancienne commune de Cornesse, entre Wegnez et Soiron, c'était, jusqu'en 1591, le château du Thier. Il devint château de « Sclassin » car c'est de ce nom qu'était saluée Marie de Haultepenne, veuve du bâtisseur Christian III de Woestenraedt. Au cours des siècles, le manoir a subi de nombreuses transformations. A gauche sur cette photographie d'époque, le style architectural est encore Renaissance mosane, les pierres sont calcaires. A droite, les grès schisteux composent la façade de style Louis XV. C'est le printemps ! Les pissenlits sont en fleurs ! Les initiales de Woestenraedt se voient entrelacées dans la balustrade en fer forgé. Sur le fronton apparaissent en relief les armoiries de Woestenraedt et Haultepenne. Des pierres s'amoncellent derrière le dog-cart. Le toit est maintenant d'ardoises. La façade est devenue symétrique. On travaille à Sclassin ! Une vue récente de la même façade. L'ensemble formé par le château et les terrains environnants a été classé par arrêté royal en date du 4 novembre 1976. Au Nord, la façade est flanquée de deux tours cylindriques. Autrefois, il y en avait quatre. C'est en 1789 que meurt le dernier comte de Woestenraedt. Plusieurs propriétaires se sont succédés depuis.
Le château était entouré de douves profondes ; une partie a été comblée vers 1932. Elles étaient alimentées par la nappe d'eau du plateau de Saint-Germain. Le pont-levis a été remplacé par un pont de pierre. Cette tour abrita Jonas le célèbre Corbeau qui sauva la vie à la châtelaine — la vieille demoiselle de Woestenraedt de Falhez — comme le rapporte la légende. La façade Nord et l'aile est du château. Celle-ci abritait les communs. Construite en 1599, la chapelle de Tribomont est dédiée à Notre-Dame Débonnaire. Détruite pendant la révolution française, elle est restaurée quelques annés plus tard et dédiée alors à Notre-Dame des Récollets. Classée en 1934, elle est restaurée par Les Amis du Ban de Soiron en 1980. La vie de la rue se trouve exprimée ici avec une émouvante naïveté. La magnifique maison qui était le siège de l'hospice porte sur le linteau d'entrée le millésime de 1708. Elle est construite entièrement en matériaux tirés des carrières locales (moellons en grès houiller et calcaire et elle constitue un des plus beaux spécimens du style Renaissance mosane. Les seuils et linteaux des fenêtres se continuent en bandeaux le long de la façade, ce qui donne une impression de grande longueur. C'est en 1980 que fut inauguré le nouvel hospice, tout à côté. L'hospice de Saint-Germain doit son origine à Henri Delsaute, homme riche et charitable, qui légua sa maison (et six fermes) au Bureau de Bienfaisance de Soiron. L'hospice fut ouvert en 1860 par les sœurs de la Charité de Saint-Vincent de Paul. En 1866, on construit la chapelle, deux salles de classes, le préau et l'appartement du chapelain. L'hospice a pris le nom de Saint-Henri, le fondateur de la paroisse de Soiron en 1005.
Les Filles de la Charité restèrent à l'hospice jusqu'en 1946. Avant la guerre de 1914, elles tenaient le dimanche un patronage qui réunissait jusqu'à quatre-vingt jeunes filles. Photographie de la classe de 1910-1911. C'est la petite Florentine Chanteux qui tient récritoire. L'école était obligatoire pour les fillettes de Soiron dès la fin du dix-neuvième siècle. Premier dimanche d'août 1943, une grande manifestation est organisée en l'honneur de l'abbé Franck, aumônier à Saint-Germain de 1916 à 1942, année de sa mort. Il s'était rendu célèbre dans tout le pays par ses connaissances médicinales ; tous les jours, plus de quarante personnes venaient le consulter, emportant remèdes et conseils qu'il prodiguait bénévolement. La foule se presse nombreuse malgré un soleil torride à l'inauguration pour cette occasion, de la statue de Saint-Germain, patron du hameau. La famille Lacroix est à Soiron depuis le dix-neuvième siècle, témoin cette villa de la route de Saint-Germain. On ignore l'origine de la dénomination « Saint-Germain » ; ce nom sous sa forme française apparaît déjà dans le livre de raison du curé de Thier (1571-1593). Témoins d'une architecture révolue, plusieurs fermes « modèles » furent construites tout au début de ce siècle. La formule se voulait fonctionnelle : corps de logis distinct des étables, laiterie entièrement carrelée, accès direct au fenil, etc. Fatigués par le trajet, deux badaux se reposent au pied de la croix de Saint-Germain. La route est longue, rectiligne. Là-bas au loin, elle va rejoindre le ciel. A droite sur l'image, l'épicerie Colard-Demou-lin.
Soiron est parsemé de potales et d'anciennes croix, toutes très belles et ouvragées. Ici, la croix de Saint-Germain. La ruelle de Saint-Germain prend son départ au pied de la croix que nous venons de voir. Elle se termine peu avant l'entrée du village devant la croix qui marque l'emplacement où s'élevait jadis la chapelle Millette. Les haies d'aubépine accompagnent le promeneur dans sa descente vers Soiron. Nous sommes « au Chêne », en souvenir de l'arbre colossal qui s'élevait en face de la cabine d'électricité. De six mètres et demi de circonférence, il fut incendié par des romanichels le 5 novembre 1849. Un chêne fut replanté en 1886 ; d'une belle venue, il fut étêté vers 1928 et par là abîmé. « Maga » est le surnom de la famille Pirson qui habita longtemps cet endroit du Bois-d'Olne. Le chemin sépare le territoire de Soiron de celui de Cornesse. Pour aller au centre du village, il faut revenir au Chêne et descendre la longue route sinueuse qui traverse les hameaux du Fays et de la Bouhaye (= bocage). Le versant Sud, vallonné, est couvert de prairies et de vergers que séparent des haies vives et des rideaux d'arbres. Ces haies caractéristiques du pays de Hervé sont reposantes. Façonnées par nos ancêtres, elles font partie de notre cadre de vie quotidien. Un réverbère éclaire la route au tournant. On comprend pourquoi Soiron a échappé à l'époque. Pas de grandes routes, pas de chemins de fer, un château et des fermes...
Le Bola a donné son relief au village. Ce ruisseau prend sa source au village de Grand-Rechain, puis se perd dans un chantoir d'où il ressort en bouillonnant au bas de la montée vers Grand-Rechain au lieu-dit « le Bola ». Soiron, un témoignage architectural du monde rural intact, un capital qui ne cesse de valoriser, n'est-ce pas le plus important ? Bien joli, ce Soiron ancien, n'est-ce pas ? La signification de « Soiron » est inconnue ; ce mot vient du celtique ou du pré-celtique. Avant Fère chrétienne, les Celtes formaient le peuple le plus répandu en Europe. Voici une carte postale que l'on envoyait de Soiron vers 1960. Touchante mosaïque. Le fond du village. Bien des choses ont déjà changé aujourd'hui ! A gauche le « cazêr », maison composée de plusieurs appartements. La dernière maison de droite, avant le hangar, est l'épicerie de Mademoiselle Marie Langhoor. On y trouve des sôrets, des boutons de culotte et de la farine à gâteaux ! On y accédait par un petit pont de bois enjambant le Bola. Ce magasin a laissé chez nous un « spô » (un dicton) ; ainsi on dit d'un lieu encombré : « Y faut astohi comme amon Marie Langhoor ! ». Le poteau indicateur, la camionnette qui prend de l'essence, l'enfant au chapeau au large bord à la mode de l'époque donnent à cette image un air d'autrefois empli de calme : tous se sont arrêtés pour regarder le photographe. Sur le pas de leur porte, Toussaint et Julie Creuven-Servais vous proposent : « Plomberie, vélos, réparations, liqueurs, tabacs, cigares ». La quinquaillerie, ouverte en 1920, offrira ses services une vingtaine d'années. Le large filet d'eau pavé, la voirie et le devant-de-porte forment une continuité propice aux rencontres villageoises.
Cette place constituait alors un lieu animé et vivant. La mare venait jusque la route. Qui y allait d'une causette, en laissant s'abreuver son cheval, qui s'arrêtait pour regarder les canards s'ébattre ou l'enfant s'émerveiller... attention, ça mouille ! Derrière les deux roues, la maison du forgeron. L'enseigne indique : « Carrosserie-Ferronnerie Henri Flamand ». Beaucoup s'en souviennent, de ce coin pittoresque du village ! Si cette carte était en couleurs, elle nous jetterait les taches vertes et jaunes de l'eau et du soleil dans la mare. Si elle était sonore, elle nous rapporterait les paroles du lavoir (au fond de l'image). A droite, l'ancienne forge. Devant l'entrée de la forge, Judith Flamand, Henri Flamand le forgeron et Monsieur Levêque de Cornesse. En 1934, c'est Monsieur Pint qui continue la forge, jusqu'en 1957. Il s'installera ensuite route de Saint-Germain, n° 156. L'hiver 1912. Par cette belle entrée, on pénétrait dans l'épicerie Levaux où l'on pouvait aussi choisir des tissus sur coupons. Le pignon de l'imposante maison était recouvert de zinc bleu. Transformées de nombreuses fois, les façades ont maintenant retrouvé, en grande partie, leur caractère d'antan. Nous reconnaissons, de gauche à droite, Eugénie Levaux, Rynette Levaux, Auguste et Marie Levaux. Nous arrivons au « Petit Bac » : à droite, en contre-bas, coule, dans un bac en pierre, une eau de source que l'on pense avoir été canalisée par les Romains au premier siècle de notre ère, lors de la construction de la chaussée Tongres-Trèves. Sur la photo, à gauche Monique Leconte et une amie de vacances, un jour de l'été 1945. Pour décorer les reposoirs en rhonneur de la procession, la coutume veut que Ton plante en terre les « may », grandes branches de bouleaux. Chaque année, les paroissiens participent à la procession le dimanche qui suit la Saint-Roch. Sur la photo, à gauche, Louise Herwegh et Catherine Cormeau, en 1942.
En tenue quotidienne, Irma Pirard, portant son « harquê » ou joug à porteur, va à la fontaine. A l'époque, à défaut de distribution d'eau, les deux sources, le Petit Bac et le Grand Bac, desservaient tout le village en eau potable. Aujourd'hui, c'est dimanche. A l'avant-plan, le trottoir et les filets d'eau pavés en pierres bleues du pays. Trois amis et Irma Pirard posent devant une des plus anciennes maisons du village, ornée d'imposants arbres fruitiers en espaliers. Le petit garçon aux sabots est Jean Fyon, celui de droite, Denis Fyon. Au bout de ce chemin, on descend au Petit Bac par un escalier de pierres. A gauche, deux anciennes maisons, disparues en 1970. Jean Pirard et sa sœur Irma. Voici la cour pavée d'une ferme du 17e siècle, au centre du village. Le bâtiment de style Renaissance mosane abrita la brasserie banale. A l'avant-plan, une roue à chien était utilisée comme force motrice pour de multiples tâches : barattage du beurre, écrémage, etc. Elle fonctionne jusqu'en 1917, année de l'installation de l'électricité à Soiron. La même ferme vue du fond de la cour. Le porche d'entrée est en plein cintre. Les poules picorent dans la cour et sur la rue. Les lauriers-rosés ici taillés en boule, ornent souvent les seuils des maisons. C'est derrière ceux-ci, dans les caves où coule une source, que Madame Renson-Grignet fabrique aujourd'hui ses fromages.
Ces mines graves pressentent-elles déjà l'approche des tristes événements qui allaient suivre ? Nous sommes en 1913, sur le thier de la Saule. La maison devant laquelle pose Joséphine Denis (à gauche) et sur le seuil, son frère, fut le dernier siège de la Coopérative (épicerie-boulangerie) de Soiron, de 1950 à 1975. Le petit Joseph Monseur pose sur un parmi les nombreux et élégants seuils d'entrée des maisons soironnaises (actuellement n° 54). Cette façade a été recouverte de ciment suivant le goût du jour ! Aujourd'hui, les moellons de grès sont à nouveau apparents. Sur la photo, Edouart Herwegh. Cette vue aérienne nous montre la Saule, du germanique « sali » qui signifie « assemblée » : c'est sur la place de l'église que, depuis les temps les plus reculés, s'exerçait la juridiction du territoire de Soiron. Sur cette place, le marché hebdomadaire du vendredi a subsisté jusqu'au premier quart de notre siècle. Les deux chemins sont, à gauche, le Nozory qui mène à Tribomont et à droite, la Hezée qui monte vers Wegnez par le château de Sclassin. Très belle maison, d'une ordonnance classique. L'entrée se faisait par la petite maison blanche. Les demoiselles Grégoire, en tenue de l'époque, habitaient cette demeure. Celle-ci appartient encore aujourd'hui à la même famille. Agrémentées de persiennes, les façades de style Louis XVI ainsi que les toitures ont été classées en 1981. La caractéristique de cette photographie est d'avoir été imprimée à l'envers ! Les personnages sont ceux de l'image précédente: Cette maison construite en 1746 était au XIXe siècle une importante fabrique de draps.
Revoici sept des arrière-petites-filles du deuxième bourgmestre de Soiron, Nicolas-Joseph Grégoire (1842-1854), avec leur frère Nicolas. Cette majestueuse demeure du XVIIIe siècle n'était auparavant qu'une seule maison ; l'entrée de gauche fut percée deux siècles plus tard. Parce qu'elle représente un bel exemple du style Renaissance liégeoise, cette maison est classée depuis 1976. D'abord café et salle de danse, la maison de droite est louée, de 1924 à 1932, par la société coopérative ouvrière de Liège pour y tenir une épicerie. L'« Union coopérative » s'installera ensuite près du Petit Bac (actuellement maison Lekeu) puis thier de la Saule. Assis sur le banc, Bertrand Colard. Après la première guerre mondiale, les soironnais érigèrent un monument en souvenir des combattants. Etalé sur l'herbe, le linge sèche au soleil... L'église, entourée de son cimetière, occupe une position privilégiée dans le village. Une église romane, dédiée au Saint-Sauveur, existait à Soiron au XIe siècle. Quelques pierres de grès subsistent encore dans la maçonnerie de la tour — ancien donjon — qui, en 1627, dut être reconstruite. Ses murs épais défient le temps. L'entrée aménagée dans la façade principale de l'ancienne tour présente les caractéristiques du style Louis XIV. La constrution de l'édifice actuel remonte à 1723. Agréable vue d'ensemble de la place, dans toute sa quiétude des années 1900. Deux changements par rapport à l'image précédente : le monument et les poteaux électriques. Aujourd'hui, le tarmacadam a remplacé les herbes folles et la terre battue. On peut encore voir quelques larges carrés de pierres calcaires percés pour y planter les décors de procession. De gauche à droite, Joséphine, Jeanne et Marie-José Denis, Joséphine Gillis. « On se bat joyeusement à Soiron, mais tout va bien, ne t'inquiète pas ! Signé : Louis.
La décoration et le mobilier de style Louis XIV liégeois sont d'une grande unité. Dédiée à Saint-Roch, Féglise (intérieur et extérieur) ainsi que le cimetière sont classés depuis 1934. Trois pierres tombales encastrées dans le mur d'enceinte du cimetière. Vue du clocher, la rue entre la place de l'église et la route d'Xhendelesse, en 1943. Café depuis 1922, « Le Bon Coin » reste fidèle à son enseigne ! Sur le seuil, nous avons reconnu Roch et Jeannette Fauconnier-Delrez et l'homme à la pipe, Jean Dupont. Près des pêchers en espaliers, femmes et enfants sourient sur le seuil de la plus ancienne ferme du château (XVIe siècle). Heureux temps où les gens prenaient le temps de vivre... A gauche sur les pavés, le manège pour la force motrice était actionné par un cheval ou un âne. C'est dans cette ferme que subsiste intact un des derniers séchoirs à chardons du pays. De gauche à droite, les fillettes sont Joséphine, Jeanne et Marie-José Denis, les femmes sont Rosalie et Jeanne Dupont. C'est en venant de Falhez que l'on découvre, à l'entrée du village, la maison communale, édifiée en 1868; elle abrita l'école jusqu'à la construction des nouvelles classes, en 1963. Toujours présentes, les haies vives.
En compagnie de l'instituteur Régnier Desonnay, les élèves de l'école communale posent pour leurs petits condisciples d'Amérique, en remerciement des chocolats qu'ils reçurent durant la grande guerre. En haut à gauche, le château se devine sous la neige. A sa fenêtre, la mère du maître, Madame Desonnay. Le « Gros Tilleul » se trouvait dans la propriété du château. Il était couronné par une frondaison d'une cinquantaine de mètres. Dynamité par les anarchistes en 1901, il fut définitivement endommagé parla foudre en 1948. A gauche, le régisseur du château, à droite, le garde-chasse. Appelée aussi « la grande drève », l'allée des hêtres était une très belle promenade. Elle contournait le château par l'arrière. Aujourd'hui, seul le chemin subsiste. Le cirque pittoresque du Notestave (prononcer « notèstau ») est un cratère créé par la chute d'une météorite, après la dernière période glaciaire (plus ou moins trente mille ans). Dans la légende de Marcellin Lagarde, Notestave signifie retable des Nutons. Des tilleuls bicentenaires bordent la route qui monte aux Cours. Près de la potale Saint-Roch, une simple planche de bois posée sur les racines du premier tilleul : les riverains rappellent le « banc des menteurs ». Assis, un ami de Monsieur Denoël. Le château de Soiron tel qu'il se présente aujourd'hui. L'ensemble formé par le château, le parc et les terrains environnants est classés depuis 1971. Les tours des dépendances, depuis 1960.
Prise de l'Ouest, cette carte nous montre le château et les dépendances. Au fond, le village, aux toits d'ardoises, aux volumes simples. Cette carte, prise du même endroit que la précédente, montre l'élégante entrée des jardins, édifiée au début de ce siècle. Après avoir franchi la grille, nous découvrons le château, masqué par les ramures des tilleuls. Le premier château féodal fut construit par le comte de Gronsfeld, seigneur de Soiron, au début du XIVe siècle. En grande partie ruiné par le tremblement de terre de 1692, il fut reconstruit en style Louis XIV liégeois par Nicolas de Woelmont. Il est toujours habité par ses descendants. Vers 1900, la façade, longue et symétrique, s'ornait de glycines. Le perron fut construit en 1857. C'est à cette époque que le fossé entourant le château fut comblé et le pont-levis enlevé. La toiture à la Mansard est couverte d'ardoises et rythmée de lucarnes. C'est ainsi que se présentait la façade Nord du château. Par la suite, deux ailes basses, visibles sur les deux premiers documents, furent adjointes à rédifice. Les employés du château ont pris place sur la pelouse d'honneur pour la photo. L'aile Sud des dépendances (à droite), menaçant ruine, dut être démolie vers 1950.
Bien que l'automobile ait fait son apparition, les chevaux et les poneys sont encore attelés au cabriolet pour les randonnées dans la propriété. Ils trottent allègrement sur des chemins pavés, encore visibles aujourd'hui. Au pied d'une des deux tours qui flanquent les communs, se trouvait jadis une prison. La toiture en bulbe surmontant chaque tour est typique de l'architecture mosane. Une grande roseraie composait les jardins tracés à l'anglaise. Ceux-ci, agrémentés de bouquets d'arbres, s'étalent sur trois niveaux en contre-bas du château. Cette carte postale fait partie d'une série que la baronne de Woelmont, née Dumonceau, fit éditer en Angleterre pour sa correspondance personnelle. Devant le mur du verger du château, un ensemble de maisons bien préservé. Le Bola fait des siennes les jours de forte pluie et d'orage. Le chemin du Nozory — de « nau » terre humide et « ry » ruisseau — est sous eau. Pareil spectacle ne se représentera plus : le ruiseau a été canalisé vers 1970 et le chemin macadamisé.
Telle se présente l'église lorsqu'on descend la Hezée, le chœur vers l'orient. Le violent tremblement de terre de 1692 qui secoua toute la région ébranla et endommagea gravement le vaisseau. C'est le maître-autel monumental, provenant de l'abbaye de Boneffe, qui a conditionné les dimensions imposantes de l'église que nous pouvons voir aujourd'hui. La maçonnerie est mixte, briques et pierres de taille ; le soubassement est en pierres calcaires régulièrement taillées. Les trois nefs ont leur éclairage particulier. En descendant la voie du Trou, on débouche sur un des beaux coins du village ; en contre-bas du calvaire, à gauche sur la photo, le Petit Bac. Laissons-nous imprégner par le charme qui se dégage de cette image d'hier.